
L’étude a fait apparaître que les natifs du signe du Verseau sont les moins sujets aux accidents et ceux du signe du Taureaux sont les plus à risque. L’écart entre ses deux groupes est de 5.4%. Les Taureaux présentent d’après cette étude un risque 5,4% plus élevé d’accidents de voiture que les Verseaux.
L’article des échos conclue sur une phrase surprenante de l’assureur qui déclare que ce résultat serait « peut-être un pur hasard ». Un joli déni.
De la part de la maison d’assurance la prudence se comprend. Ils ont eu peur d’affoler les assurés en constatant un fait astrologique qui aurait pu faire varier les primes d’assurance en fonction du signe de naissance. Ce qui est affligeant, c’est que le journal acquiesce sans aucun esprit critique. On retrouve cette information avec le même déni dans Wikipédia sur la page dédié à l’astrologie statistique, page que j’ai créée en 2006 et qui a été bien remaniée depuis pour dénier tout fait statistique lié à l’astrologie).
Le dénie est posé là, sans aucun argument pour étayer cette hypothèse. Sur Wikipédia il est interdit de prétendre que l’astrologie pourrait être exacte, mais il est tout à fait autorisé de dire qu’un fait qui la prouverait est le fruit d’un pur hasard, sans aucun argument.
Le fait qu’une assurance se pose ces questions et lance ce genre d’études est très intéressant. Le propos d’une assurance n’est ni ésotérique, ni scientifique, ni idéologique, il est économique et pragmatique.
Les études statistiques fondent la base économiques des assurances. Leur viabilité, solvabilité et rentabilité proviennent de l’exactitude de leurs approches statistiques. Pour mieux comprendre le rôle clé et fondamental des statisticiens dans les assurances, voici un extrait de la fiche métier des statisticiens d’assurance proposée par le site cv.com :
Définition de l’emploi/métier :Analyse et réalise de façon ponctuelle des études économiques, financières et statistiques dans le but de mettre au point ou de modifier des contrats d’assurances.Elabore les nouveaux tarifs de souscription ou de remboursement d’assurances, en adaptant des formules mathématiques et en réalisant ou faisant réaliser des calculs statistiques.Peut aussi encadrer et animer une équipe de collaborateurs.
C’est sur des statistiques que les assureurs établissent le profil des populations à risques. Par exemple, quand on passe la barre des 40 ans les cotisations d’assurance maladie complémentaire augmentent parce que l’on entre dans une population dont les complications médicales et les d’accidents de santé augmentent. Les assurances font des milliers de statistiques dans tous les sens sur nos âges, sexes, niveaux d’étude, professions, nombre d’enfants, situation de vie, lieu de vie… pour calculer des primes qui permettent de rester bénéficiaires, évaluer et prévenir les risques tout en couvrant les assurés.
Les statistiques sont le cœur de métier des assurances. Et les assurances sont loin d’être des entreprises New Age dirigées par des babas-cool déjantés qui ont fumé la moquette. Quand une assurance sort une statistique sur un fait astrologique, ce n’est pas du flan.
Allianz Suisse doit se poser (en cachette) de sérieuses questions car l’entreprise a récidivé cette année avec une étude sur les accidents de la route déclarés entre 2005 et 2011 qui révèle que les veilles de pleine lune il y a 16 % d’accidents en plus que les autres nuits.
Cela fait des années que je cherche une statistique officielle sur les effets de la pleine lune. Je suis bien content de voir que cela sort enfin. Une compagnie d’assurance constate cet écart impressionnant sur les accidents de voiture, mais les hôpitaux eux, toujours rien sur les admissions aux urgences…
Pour rester politiquement correcte Allianz Suisse continue de conclure à un « pur hasard » et classe cette étude dans la catégorie de ses études dites « ludiques ». Personne ne me fera croire qu’une augmentation de 16 % des sinistres n’émeut pas plus que cela un assureur qui pourrait mener des actions préventives pour augmenter ses bénéfices en diminuant les risques d’accidents de ses assurés. Mais comment justifier une action préventive basée sur un fait astrologique?
Quel dilemme pour un assureur.
Le déni d’Allianz Suisse ne me gène pas. Je le respecte et comprends la position prudente de l’assureur. Allianz Suisse protège sa notoriété et son image de marque.
Je m’amuse de son pieds de nez. La compagnie brandit un gros panneau bleu en concluant : « Vous avez-vu, c’est du rouge ! » Et les journalistes de dire « Oh le beau rouge ! » Il faut être bien stupide pour croire qu’Allianz Suisse croit a son déni. Je ne serais pas étonné que la compagnie communique en douce sur la prudence les jours de pleines lune.
Vivement la prochaine étude, quelque chose me dit que ce n’est pas fini.
Exercez votre discernement. Ne prenez pas ce qui est écrit comme parole d'évangile. Interrogez votre ressenti à propos de ce que vous lisez.
2 commentaires
Courageux de la part de l’assureur. Car même si il se couvre en parlant de pur hasard ou autre, forcément il s’expose à des réactions et des critiques. Encore un signe que les temps changent, piano piano…! Bises
Je vois qu’on est sur la même longueur d’onde parce que mon petit doigt me dit aussi la même chose. Et c’est tant mieux. Merci de ton commentaire ma voyante préférée!